En cette saison de printemps, nous vous emmenons en balade dans un écrin de verdure au cœur d’Agadir. Véritable poumon vert pour la ville, le jardin public Ibn Zaydoun constitue pour les citoyens un espace prisé de détente en plein air, à la lisière du quartier Talborjt et du centre-ville. Considéré comme un site historique, ce jardin nécessitait une mise à niveau et un réaménagement adapté aux attentes actuelles des usagers. Il bénéficie aujourd’hui d’un important projet de réaménagement qui entre dans le cadre du Programme de Développement Urbain d’Agadir 2020-2024 lancé lors de la Visite Royale de février 2020. Tandis que le jardin s’apprête à devenir le « Parc Urbain Ibn Zaydoun », nous vous invitons à mieux connaître cet espace vert tout près de chez vous.
Un site historique
En 1966, le quatrième numéro de la Revue Africaine d’Architecture et d’Urbanisme a+u, qui fut consacré à Agadir, constitue aujourd’hui une documentation précieuse sur la vision urbanistique de l’époque et en particulier les aménagements publics.
En page 60, Jean Challet, le premier paysagiste du Jardin Ibn Zaydoun vante les bienfaits des jardins publics : « Indépendants d’ensembles architecturaux ou de réseaux de circulation, ils créent des interruptions nettes dans la trame construite urbaine ; trous par lesquels s’effectue le contact entre la terre et le ciel, oasis de calme isolées des volumes bâtis agressifs et des circulations bruyantes, ils évoquent par leur intimité, leur abondance de végétation, leurs fontaines et bassins, les notions anciennes de jardin-paradis. »
C’est dans ces pages qu’il annonce la création du « Jardin du Centre Urbain » correspondant à la partie basse de l’actuel jardin Ibn Zaydoun. La partie haute étant encore, à cette époque, considérée comme un espace de boisement.
Jean Challet le décrit en ces termes : « Le jardin du Centre Urbain, le plus vaste (5 hectares), assorti de nombreux coins de repos, de fontaines et bassins, offre des vues extérieures sur la ville et la colline de la Kasba. Il contient un parc de jeux pour enfants. »
Jean Challet, le premier paysagiste du jardin
Issu d’une famille de fleuristes pépiniéristes, Jean Challet (1924-2006) fut diplômé ingénieur horticole de l’École Nationale d’Horticulture de Versailles en 1945, avant d’obtenir une licence de botanique à la Sorbonne. En 1949, il effectua son stage de fin d’études au Danemark avec le paysagiste Axel Andersen, aux côtés duquel il découvrit une autre façon de penser le paysage à l’échelle urbaine. Après avoir exercé un temps sur Paris, il entra au Service de l’Urbanisme du Maroc en 1951, remarqué, avec son camarade de promotion Pierre Mas, par l’urbaniste Michel Écochard. En 1954, Jean Challet obtint son diplôme de paysagiste. À partir de 1960, il participa à la conception du schéma d’urbanisme pour la reconstruction d’Agadir, à l’étude du système d’espaces libres et à la réalisation des espaces verts de la ville, sous la tutelle du Haut-Commissariat à la Reconstruction d’Agadir (HCRA). Il quitta le Maroc en 1967, après cette expérience. (Source : Revue Projets de Paysage)
Le nouveau Parc Urbain Ibn Zaydoun
Après avoir connu divers aménagements au cours de son existence, notamment l’intégration d’un skatepark et d’un ensemble d’agrès de sport dans la partie haute du jardin en 2008, le Jardin Ibn Zaydoun bénéficie aujourd’hui d’une totale requalification grâce au volet Préservation de l’environnement & Aménagement des espaces verts du PDU d’Agadir 2020-2024. Placé sous la tutelle de la Société de Développement Local Agadir Souss-Massa Aménagement, Maître d’Ouvrage Délégué du projet, l’aménagement du Parc Urbain Ibn Zaydoun prévoit un coût global de 25 MDH et une date d’achèvement fixée au premier trimestre 2023. Regroupant deux parties de jardin, de part et d’autre de l’Avenue du Président Kennedy, le Parc Urbain Ibn Zaydoun fait l’objet d’aménagements personnalisés dans chacune d’entre elles.
Partie basse : le Jardin Ibn Zaydoun I
Considéré comme site historique, le Jardin Ibn Zaydoun I couvre la partie basse du parc urbain qui s’étend sur 4,67 hectares entre l’Avenue du Président Kennedy et l’Avenue du Prince Moulay Abdallah. Son tracé d’origine, son architecture paysagère, ses ornements et son patrimoine végétal seront préservés, tandis que ses entrées et murs de clôture respecteront une identité architecturale témoignant de son histoire et des influences amazighes de la région. Afin de répondre aux attentes de ses usagers, le Jardin Ibn Zaydoun I verra ses trottoirs et chemins piétons réaménagés, ses placettes, fontaines, mobilier urbain et signalétique rénovés, tandis que des accès et circuits seront créés pour les personnes à mobilité réduite. Cette partie du parc urbain accueillera également une sculpture rendant hommage au Poète Ibn Zaydoun.
Partie haute : le Jardin Ibn Zaydoun II
Le Jardin Ibn Zaydoun II couvre l’ancienne zone de boisement qui constitue aujourd’hui la partie haute du parc urbain. Il s’étend sur 6,85 hectares à l’est de l’Avenue du Président Kennedy. Ce dernier verra ses entrées revêtues de matériaux en harmonie avec le paysage environnant, ses chemins piétons refaits et pourvus d’accès pour les personnes à mobilité réduite, et son mobilier urbain rénové. De même, des placettes de détente viendront agrémenter la balade des usagers et son lac paysager sera totalement réaménagé et protégé par une clôture. Cette partie du parc urbain est idéale pour la pratique du sport, de la marche et du jogging.
Toute une flore à découvrir
La richesse des végétaux du Parc Urbain Ibn Zaydoun et l’installation de panneaux explicatifs permettront aux visiteurs de découvrir une flore adaptée au climat de la région, une véritable exposition végétale à ciel ouvert de flore méditerranéenne, plantes aromatiques et végétaux semi-aquatiques. Pour son irrigation, l’ensemble du jardin intègre une démarche environnementale et poursuit sa recherche de sources écologiques d’approvisionnement d’eau. À terme, il bénéficiera d’un système d’arrosage automatique, d’une station de pompage et d’une aire de stockage des déchets verts, ainsi que de réseaux d’assainissement et de drainage des eaux pluviales.
Un lieu de sortie pour les enfants
Grâce au réaménagement prévu, le Parc Urbain Ibn Zaydoun deviendra un exceptionnel lieu de jeu et de promenade en plein air pour les enfants, en alternative à la plage. Le jardin mettra en effet à leur disposition de nouvelles aires de jeux variées, aux normes de sécurité en vigueur. Au-delà des incontournables balançoires, tourniquets et toboggans, les enfants pourront exercer leur agilité sur un parcours d’aventure spécialement créé pour eux, façon mini accrobranche. Les plus intrépides pourront attaquer les pentes du célèbre skatepark du jardin, totalement rénové et mis aux normes.
Forme et bien-être pour tous
Les amateurs de marche sportive sur la corniche trouveront au Parc Urbain Ibn Zaydoun un nouveau lieu de sortie des plus agréables à toute heure de la journée grâce à l’ombre providentielle des arbres. Doté d’un parcours de santé, le jardin mettra à la disposition des usagers un espace d’échauffement, des chemins piétons adaptés à la pratique du jogging et de nombreuses installations sportives. Les sportifs de tous âges y trouveront leur rythme et leur bonheur pour entretenir leur forme et améliorer leur bien-être. Le Parc Urbain Ibn Zaydoun se complète de terrains de pétanque et de terrains de proximité pour disputer parties et matchs entre amis ou entre équipes.
Une sculpture en hommage à Ibn Zaydoun
Notre parc urbain porte le nom du célèbre poète andalou Abu al-Waleed Ahmad Ibn Zaydoun al-Makhzumi, né à Cordoue en 1003 et mort à Séville en 1071. La partie historique du jardin accueillera prochainement une sculpture honorant sa mémoire. La poésie d’Ibn Zaydoun fait la part belle à sa relation avec la poétesse Wallada bint al-Mustakfi, fille du dernier calife omeyyade de Cordoue, Muhammed III, en plein déclin du califat, auquel il a participé activement par ses écrits et discours influençant le peuple. Il fut un temps emprisonné, puis nommé vizir, une fois les Omeyyades chassés du trône. Très vite pourtant, une embrouille l’amena à se réfugier chez l’émir Al-Mu`tadid Ibn Abbâd de Séville, où il devint son conseiller, avant d’accéder au poste de Qatib, le plus haut de la cour. Ibn Zaydoun joua un grand rôle politique dans la conquête de Cordoue en 1070 par Al-Mu`tamid, le fils et successeur de l’émir. (source : Diwan Ibn Zaydoun – Éditions Dar Sader)