INTERVIEW RACHID ANDALOUSSI

INTERVIEW RACHID ANDALOUSSI

Dans cette aventure unique d’endosser la mission de réaliser l’œuvre ultime d’Oscar Niemeyer, les architectes Rachid Andaloussi et Mohammed Fikri Benabdallah éprouvent une immense fierté et mesurent la valeur de l’opportunité qui leur est offerte. Pour vous faire partager l’intensité de cette expérience, nous nous sommes rapprochés de Monsieur Rachid Andaloussi qui a notamment œuvré à la réalisation du Grand Théâtre de Casablanca et de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc à Rabat.

Comment l’idée du projet a émergé ?

« Ce projet s’inscrit dans la stratégie et la vision globale de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste. Cette initiative royale visionnaire renforce la place du Maroc sur la scène internationale, grâce au leadership éclairé et la ferme volonté de Sa Majesté de promouvoir le développement du Royaume à travers la culture et le patrimoine.
Le Royaume du Maroc a connu, ces deux dernières décennies, un développement fulgurant et ce, grâce à la mise en place d’infrastructures culturelles, entre autres, qui mobilisent des investissements conséquents et qui ont pour finalité un développement socioculturel positif, maîtrisé et « contextualisé ».
Le développement d’Essaouira s’est donc naturellement porté sur le vecteur culturel. Il s’agit là d’une ville à l’identité marquée, vivante, vibrante et où la culture rythme les saisons.
« Es-saouira », qui signifie « la bien dessinée », dont le plan urbain a été mis en place par Cornut, disciple de Vauban, illustre urbaniste du 18e siècle, est donc aujourd’hui suffisamment mature pour recevoir un équipement de grande envergure à la signature internationale, un hommage à sa création et un ancrage de son identité culturelle d’aujourd’hui. »

« Les premières prémices de la Cité des Arts et de la Culture ont vu le jour en 2012. M. le Conseiller André Azoulay et M. l’Ambassadeur du Brésil au Maroc, Fred Meyer, ont semé l’idée du projet et de l’architecte qui le porterait : un Flagship prônant l’identité culturelle d’Essaouira porté par Oscar Niemeyer, un des plus grands architectes contemporains.
L’idée du projet a suscité un tel enthousiasme chez Feu O. Niemeyer qu’il fit don de son esquisse au Royaume. Il nous quitta en Décembre 2012 à l’âge de 105 ans. La Cité des Arts et de la Culture d’Essaouira fut son dernier geste et sa dernière œuvre. »

Sous quels aspects l’architecture de la Cité des Arts et de la Culture reflète-t-elle les lignes et l’identité d’Essaouira ?

« Au-delà d’une puissante identité culturelle et architecturale, Essaouira a une forme de singularité qui la rend attirante, chaleureuse et attachante. Elle est aujourd’hui renommée à l’international pour ses festivals, ses manifestations culturelles, spirituelles et sa richesse patrimoniale.
La Cité des Arts et de la Culture est avant tout, comme toute architecture, un support qui émerge d’une cristallisation/interprétation de l’essence du territoire qui la reçoit.
On peut brièvement définir cette identité à travers son rapport fort aux éléments naturels : l’eau, le vent et la faune maritime et son ancrage profond des liens socioculturels en mentionnant : la gastronomie et la musique (parmi tant d’autres éléments constitutifs de la richesse multiple, complexe et hétéroclite d’Essaouira).

« Un trésor d’architecture d’un blanc immaculé, baignant dans un ciel bleu rythmé par le mouvement des oiseaux, sur fond sonore de chants locaux. »

Oscar Niemeyer a saisi cette identité grâce à la puissance des mots et des histoires qui lui ont été racontées. Sans avoir rencontré « Essaouira », il l’a comprise et assimilée : un trésor d’architecture d’un blanc immaculé, baignant dans un ciel bleu rythmé par le mouvement des oiseaux, sur fond sonore de chants locaux.
C’est ainsi qu’il jeta son dévolu artistique sur l’insigne emblématique de la ville « l’oiseau en mouvement » : lignes suaves, délicates et à la forte symbolique ont orienté son coup de crayon et régi sa pensée pour produire cet espace architecturé unique et incontestablement « contextualisé ».

Au-delà de la forme et de la symbolique esthétique, la programmation de cette cité met également en lumière la richesse culturelle de la région : la Cité des Arts et de la Culture comprendra un théâtre d’une capacité de 1.000 places, un conservatoire de musique, une maison du livre, un musée des arts traditionnels, un musée du thé et une esplanade « entre le dehors et le dedans » en prolongement du cadre bâti, pouvant accueillir les événements de grande envergure.