LA MISSION DE RÉALISER L’ŒUVRE ULTIME D’OSCAR NIEMEYER

LA MISSION DE RÉALISER L’ŒUVRE ULTIME D’OSCAR NIEMEYER

INTERVIEW DE RACHID ANDALOUSSI (2e partie)

« Fikri Benabdellah et moi-même avons une sensibilité et une philosophie communes. Nous considérons que travailler avec ceux que nous qualifions de « grands de ce monde » nous élève et nous grandit à notre tour. C’est une aventure « qui prend aux tripes », c’est une fierté, un honneur et une opportunité.
Il est rare de voir un architecte s’enthousiasmer pour mettre en œuvre l’œuvre d’un de ses pairs. S’agissant d’Oscar Niemeyer, on ne parle plus de pair mais de maître. Faire partie de son histoire et ce, même de manière infime, ne peut que m’émouvoir et m’emplir de fierté. C’est un homme qui a marqué son temps, sa discipline et qui a sans nul doute enrichi le patrimoine universel.
N’étant plus parmi nous pour veiller à l’exécution de son œuvre, Oscar Niemeyer sera représenté par Jair Valera, Représentant des ayants droits et gardien de la signature Niemeyer. »

En abritant une œuvre majeure d’Oscar Niemeyer, le Maroc ne rend-il pas hommage à tout le courant d’architecture moderne qui a influencé les constructions urbaines du siècle dernier ?

« L’œuvre d’Oscar Niemeyer a toute mon admiration. C’est irrévocablement un magnifique présent contemporain fait par un « Homme engagé » pour le Maroc. C’est un bel hommage, autrement dit, la forme la plus poétique de ce que j’appelle la considération et l’assimilation de la culture de « l’autre ».
Le Maroc rend quotidiennement hommage au courant d’architecture moderne, non seulement par l’implantation de nouvelles structures « que nous identifions comme contemporaines », mais aussi, et surtout, en réinterprétant son propre héritage.
J’ai la conviction que le Maroc, de par son héritage culturel et architectural, a participé à la fabrication du « mouvement de la modernité ». Les premiers cubistes ne se sont-ils pas eux-mêmes inspirés du graphisme de nos villages marocains accrochés aux flans des montagnes du Haut Atlas ? »

Existe-t-il, dans l’ensemble du projet, des paramètres structurels que vous comptez enrichir de votre propre touche artistique ?

« Je crois fondamentalement en la sacralité du projet architectural. Nous comptons, Fikri Benabdellah et moi-même, exécuter, avec la plus grande éthique et fidélité, l’œuvre ultime d’un des plus grands architectes contemporains. C’est un défi périlleux en soi, que nous relèverons avec conviction et précaution. »

RACHID ANDALOUSSI
Consacré en 2009 parmi « les 100 qui font bouger le Maroc » par l’Express et comme l’une des 50 personnalités du Maroc par Jeune Afrique, l’Architecte Rachid Andaloussi a œuvré à de grands ouvrages architecturaux dans le Royaume. Il est adepte d’architecture contemporaine et sensible à la sauvegarde de l’héritage historique. L’architecte a également été, parmi de nombreux engagements, membre fondateur de la revue « Maison du Maroc », enseignant et président de l’association Casamémoire.

MOHAMMED FIKRI BENABDALLAH
Adepte d’architecture contemporaine et sensible à l’architecture arabo-andalouse, l’Architecte Mohammed Fikri Benabdallah a notamment œuvré au Complexe Culturel de Fès, à l’Aéroport de Fès et au Centre d’études nucléaires de la Maamora à Rabat. L’architecte, qui a également été enseignant et nominateur du Prix Aga Khan d’Architecture, a fondé, en 2001, le groupement Confluences avec les architectes Rachid Andaloussi, Taoufik et Oufir et Abdelouahed Montassir.