À deux mois de la mise en service partielle de l’unité de dessalement d’eau de mer destinée à l’approvisionnement du Grand Agadir en eau potable et à l’irrigation de la plaine de Chtouka, les travaux au sein de ce chantier, situé à plus de 55 kilomètres d’Agadir, sont avancés à hauteur de 87,8%. C’est dans la localité de Douira, relevant de la commune territoriale d’Inchaden que ce projet titanesque a été lancé sur 20 hectares, à 300 mètres de la bande littorale de cette localité. Fruit d’un Partenariat Public Privé (PPP) et grâce à la mutualisation des composantes Eau potable et Irrigation, ce projet est réalisé sous l’autorité délégante conjointe du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts et de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE).
Les contrats et concessions et de délégation ont été établis selon le modèle « DBOT » (Design, Build, Operate, Transfer) qui signifie « Construire, Exploiter et Transférer ». Pour la mise en œuvre de l’unité de dessalement, le Groupe espagnol Abengoa a été sélectionné comme concessionnaire et délégataire unique. La mission d’exploitation sera assurée simultanément par deux sociétés distinctes, SEDA pour l’eau potable et AEB pour l’eau d’irrigation. Grâce à son montage institutionnel, technique et financier modèle, le projet de construction de l’usine de dessalement d’eau de mer de Chtouka a remporté le prix du Best Public-Private Partnership (meilleur Partenariat Public-Privé) lors de la conférence internationale tenue par l’Association Internationale de Dessalement (IDA) du 20 au 24 octobre 2018 à Dubaï.
La SEDA, concessionnaire privé d’eau potable
Pour le projet d’Alimentation en Eau Potable (AEP) du Grand Agadir, la convention de gestion déléguée d’eau potable et le cahier des charges ont été conclus entre l’ONEE et son concessionnaire privé, la Société d’Eau Dessalée d’Agadir (SEDA), qui avaient initialement envisagé de réaliser une unité de dessalement d’eau de mer au nord d’Agadir (à proximité du Cap Ghir). Au cours des négociations ouvertes dans le cadre de l’appel d’offres portant sur le projet d’irrigation de la plaine de Chtouka, le Ministère de l’Agriculture et la société Abengoa, en concertation avec l’ensemble des partenaires, se sont accordés d’intégrer la réalisation de l’unité de dessalement d’eau potable au projet Irrigation qui prendront la forme d’un seul projet mutualisé.
L’objectif était aussi d’optimiser les coûts de réalisation d’exploitation et de maintenance de cette unité. Pour approvisionner la ville d’Agadir en eau potable, l’infrastructure d’adduction est en cours d’achèvement. Elle reliera la station de dessalement et le réservoir de la Régie Autonome Multiservices d’Agadir (Ramsa) à l’entrée de la ville d’Agadir à travers un ouvrage de transfert et des stations de pompage.
Aman El Baraka, concessionnaire d’eau d’irrigation
En ce qui concerne l’eau d’irrigation, deux accords ont été paraphés avec la seconde filiale d’Abengoa, allusion faite à la société Aman El Baraka (AEB) chargée de l’eau d’irrigation : d’une part, à travers un contrat de concession entre le Ministère de l’Agriculture et Aman El Baraka et d’autre part, via une deuxième convention de gestion déléguée entre l’ORMVA Souss-Massa et la même société. Dans le détail, pour l’AEP d’Agadir, c’est l’ONEE qui est l’acheteur de l’eau dessalée alors que dans le cas de l’eau d’irrigation, ce sont les agriculteurs, essentiellement les producteurs exportateurs de primeurs situés à Chtouka qui sont les acheteurs à travers des contrats de souscription et d’abonnement à l’eau dessalée.
Sur ce dernier point, la superficie objet des demandes de souscription se situe actuellement autour de 15.566 ha, soit 104% de l’objectif tracé à terme (Phase 2) et qui est de 15.000 hectares. Quant aux contrats d’abonnement établis auprès des souscripteurs (agriculteurs), la superficie couverte actuellement est de 11.161 hectares, soit 93% de l’objectif ciblé lors de la phase 1 (12.000 Ha).
30 ans de concession et de délégation
La durée de ce partenariat avec le groupe Abengoa a été fixée à 30 ans. S’agissant de la rémunération des filiales d’Abengoa, la société Aman El Baraka sera rémunérée par une redevance d’irrigation recouvrée auprès des agriculteurs à un tarif de 5 DH hors taxe soit 5,4 DH TTC par mètre cube d’eau dessalée consommée. Ce tarif est indexé sur l’évolution du niveau général des prix dans le pays. Quant à la société SEDA, elle sera rémunérée par une redevance d’eau potable recouvrée auprès de l’ONEE à la sortie de l’unité de dessalement. Sur le plan technique, l’unité est séparée en deux composantes : l’une dédiée à l’eau potable et l’autre à l’eau d’irrigation avec deux sorties. L’unité de dessalement sera alimentée dans une future étape par des énergies renouvelables afin de réduire le coût de production par mètre cube.
Les chiffres clés du projet
Pour sa part, le coût global du projet est de 4,41 MMDH, dont 2,35 MMDH pour sa composante irrigation et 2,06 MMDH pour sa composante eau potable. Cette station mutualisée de dessalement de l’eau de mer utilisera la technologie d’osmose. Sa capacité de production initiale (Phase 1) est de 275.000 m3/j à raison d’un débit de 150.000 m3/j pour satisfaire les besoins en eau potable de la ville d’Agadir et d’un débit de 125.000 m3/j pour satisfaire les besoins en eau d’irrigation d’une superficie de 12.000 ha. L’ouvrage construit évoluera dans une deuxième phase pour atteindre une capacité à terme de 400.000 m3/j.